mercredi, avril 18, 2007

268 - Fil

Au matin, tu te réveilles et tu vois un fil blanc qui traverse la chambre. Tu te lèves et tu tâtes ce mince bout de filaments enchevêtrés. D’un côté, il passe sous la porte et de l’autre, il s’évade par l’ouverture de la fenêtre.

Tu te relèves. Quel côté exploreras-tu? Tu hésites puis tu te décides à suivre la piste vers l’extérieur, la lumière éclatante du matin t’y encourageant.

Dehors, le fil court sur la pelouse, traverse la rue, monte dans les arbres puis redescend. Tu marches ainsi longtemps, des heures et tu arrives finalement devant une porte close. Le fil passe sous le bois vermoulu. Derrière, des râlements, puis un cri, celui d’un nouveau-né. Tu trembles. Tu pousses la porte et tu vois ta mère venant de t’accoucher. Comme tu voudrais t’échapper, fuir ce moment, sans trop savoir pourquoi.

Mais tu rebrousses chemin, avant que ta mère ne te voie. T’aurait-elle reconnu? J’en doute.
Tu cours maintenant vers ta maison pour retrouver ce fil, te remettre sur le rail de ta vie qui semble maintenant déraper.

Lorsque tu es de retour à ta chambre, tu regardes encore le fil qui vient de cet hier que tu projètes toujours à travers la fenêtre ensoleillée.

Tu te retournes et suis maintenant le fil vers l’autre bout.

Tu sais très bien ce que tu trouveras à l’autre bout. Et tu ne sais pas si tu pourras rebrousser chemin.

Tel est ton destin, courant sur un fil ténu.

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